La Transgression éthique

Ce texte a été prononcé lors de la Conférence Dansée présentée le 31 mars 2023 aux Echappées Belles (Lyon 9è) avec les danseuses de la Cie Hallet Eghayan : Margot, Anne-Sophie, Emilie, Carolina, Nicola, Aglaé, et chorégraphiée par Michel Hallet Eghayan. Je leur dis pour ce moment beau et intense un immense MERCI.

Bonsoir Mesdames et Messieurs !

1ère séquence

Nous ressentons plus ou moins confusément comme un bouillonnement au sein de notre société, qu’un profond changement est en cours, qu’il y a d’un côté des blocages, des durcissements, des violences qui montent, mais de l’autre de belles énergies créatrices à l’oeuvre, de la toute nouveauté pleine de vitalité, de l’espérance même, mais que tout est mêlé dans une complexité croissante.

Bien sûr je le ressens comme vous, et les artistes plus encore que nous.

Pour ne pas nous perdre dans l’opacité et le trouble, pour tenir le cap vers une clarté qui vient, pour garder la confiance, nous nous proposons, ce soir, les danseurs de la Cie Hallet Eghayan et moi-même, de vous partager nos danses et nos pensées, ce que nous avons appelé la Transgression éthique.

Regardons l’étymologie de ces deux mots :

  • Transgression vient du latin trans-gressum. Le préfixe « trans » largement usité en français signifie « à travers », « au-delà ». Le mot « gressum » est la forme supin de gradior. Le supin est une catégorie grammaticale présente en latin qui est une forme intermédiaire entre le nom et le verbe, une sorte d’infinitif en forme de nom. « Gradior » signifie « aller », « cheminer ». Le vocable « transgressum » exprime donc l’action d’aller au-delà d’un lieu, à travers des limites vers un autre lieu, nettement différent du premier.
  • Ethique est un mot qui nous vient du grec. L’ « éthos » d’un peuple, d’une société, exprime sa culture propre, ses façons particulières de vivre, ses croyances singulières, son ordonnancement original des valeurs-forces de vie qui le portent et dont découlent les règles de vie auxquelles tout un chacun adhère, sans même s’en apercevoir. Chaque peuple, chaque société a donc un « éthos » différent des autres. En élargissant, la notion d ‘« ethos » peut s’appliquer à une civilisation.
  • Relions donc le mot d’origine latine avec celui d’origine grecque. Cette expression « transgression éthique », par son nouage même entre le latin et le grec, peut éclairer le voyage que nous avons déjà commencé, ce basculement d’une civilisation vers une autre.

« Transgresser éthiquement » consiste donc à partir d’un lieu porteur de valeurs cohérentes, à traverser des frontières, à s’aventurer dans un nouveau pays, en territoire non balisé, et à inventer un chemin vers un autre lieu porteur d’autres valeurs fortes et vivantes, mais des valeurs différentes du premier pays quitté et dont la consistance porte une toute nouvelle cohérence.

Ce concept de la transgression éthique éclaire, me semble-t-il, ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui, individuellement, communautairement, sociétalement, nationalement, mondialement. A savoir que nous sommes vraiment en train de passer d’une civilisation à une autre.

Rappelons Mesdames et Messieurs que toute civilisation est fondée sur une immense cohérence large et belle de valeurs, c’est-à-dire de forces de vie (« valor » en latin signifie « force de vie », « énergie de vie »). Chaque civilisation se distingue l’ une de l’autre par un système de valeurs ordonnées différemment. Ces valeurs, elles sont toujours les mêmes depuis que les humains habitent la Terre. Elles sont donc toutes présentes dans chaque civilisation, mais les valeurs de tête, celles qui sont privilégiées ne sont pas les mêmes.

Rappelons aussi qu’une civilisation, nous disent les historiens des grandes périodes, dure de l’ordre de 500 ans. Et que le passage de l’une à l’autre est généralement chaotique voire dramatique.

Je propose d’interpréter les événements qui nous arrivent, à toutes les échelles (de chaque humain à toute l’humanité et jusqu’à la planète) en les analysant à l’aide de la grille du passage d’une civilisation à une autre.

Nous quittons une magnifique cohérence, et nous sommes en train d’aborder aux rives d’une toute nouvelle cohérence, elle aussi magnifique, mais dont l’ordonnancement des valeurs est incompatible avec la civilisation qui nous a nourri pendant 4 à 5 siècles.

Nous sommes en route depuis les terres connues de la civilisation techno-scientifique née en Occident, fondée sur la puissance du rationnel, pour aborder à de nouvelles terres, qui affirment les inter-relations entre tous les vivants, c’est-à-dire la puissance du relationnel. Et cela partout sur la planète depuis que l’Occident s’y est répandu et s’y est cru maître.

Une civilisation meurt de l’excès des valeurs qui l’ont fait naître. La civilisation moderne occidentale prend son envol au XVIIème siècle, grâce à la découverte irrésistible de la puissance libératrice de la raison scientifique qui va enfanter la technique moderne et asseoir la domination de l’Occident sur les autres peuples du monde.

Une nouvelle philosophie traitant du rapport de l’homme à la nature s’affirme dans la première moitié du XVIIème siècle, et elle va emporter l’adhésion. En 1620, l’anglais Francis Bacon publie le Novum Organum, qui expose la méthode expérimentale, visant à dépasser la logique aristotélicienne en soumettant la nature à la question par l’expérimentation. En 1623, l’italien Galilée prononce ce qui va devenir l’axiome de la modernité scientifique : « l’univers est écrit en langage mathématique ». En 1637, le français René Descartes établit dans le Discours de la Méthode, une toute nouvelle épistémologie avec le fameux « ego cogito ergo sum », « je pense donc je suis », qui place le savant en externalité au monde, à la place de Dieu, fondant ainsi l’objectivité scientifique. Les principes cardinaux de la science moderne sont ainsi posés avec sa promesse et son ambition : par la découverte des lois physico-mathématiques qui régissent l’univers, les humains vont pouvoir maîtriser la nature, la dominer et la mettre à leur service. Newton, par ses découvertes des lois de la gravitation et de la mécanique quelques décennies plus tard, scellera la parfaite cohérence et l’immense réussite de la Modernité techno-scientifique. Le XVIIIème siècle sera celui de l’Encyclopédie, qui rassemblera tous les savoirs techniques et artisanaux pour les mathématiser et les généraliser. Le XIXème siècle sera le siècle de l’ingénieur, qui par l’élaboration des machines, va définitivement lier la technique et la science, et donner une surpuissance extraordinaire aux humains d’Occident.

Mais 500 ans après cette splendide émergence, et les réussites qui s’en suivirent, nous sommes  aujourd’hui submergés par l’excès de rationalité qui se manifeste par l’omniprésence du chiffre. Tout semble se  résumer en des suites de 0 et de 1, les fameuses big data, réalisant 400 ans après, l’axiome galiléen de la toute mathématisation du monde. C’est ce que manifestent le développement de l’intelligence artificielle et l’idéologie du transhumanisme, par les moyens de la mathématique, de l’informatique, du numérique, de la finance, et enfin des algorithmes et de la robotique. Ce ne sont pas ces domaines en tant que tels, mais leurs excès et leur autonomisation par rapport à notre contrôle démocratique qui nous posent problème, car ils conduisent non plus à la libération mais à l’aliénation et à même à l’oppression, en considérant tout comme un objet à manipuler, y compris désormais les humains. Nous le ressentons confusément et de plus en plus vivement sans bien comprendre d’où ça vient…

En effet, il n’est pas facile d’admettre que ce qui marchait bien il n’y a pas si longtemps part en vrille négative de façon croissante et sans doute irrémédiable.

Mais si c’est la fin d’un monde, ce n’est pas la fin du monde…

Et un nouveau monde, radicalement nouveau, apparaît, surgit du tréfonds de notre société et va la renouveler. De nouvelles valeurs y prennent le pas sur la rationalité, qui est invitée à rejoindre une plus juste place, plus modeste. Ces valeurs se nomment : individuation, corporéité, fragilité, sérendipité, diversité, fraternité, communs… Elles suscitent confiance et espérance pour celles et ceux d’entre nous qui s’y abreuvent et les pratiquent, dans une myriade de solidarités entrepreneuriales. Dans ce monde-là, la science des sciences n’est plus ni la mathématique – science des chiffres -, ni l’informatique – science de l’information -, mais l’écologie – science des inter-relations entre toutes les entités des écosystèmes. La vocation de l’humanité n’est plus de faire rentrer par nécessité le monde dans des lois, qu’elles viennent des sciences de la nature ou des sciences humaines, qu’elles soient dures ou molles, afin de le dominer et d’accaparer ses ressources, mais de servir et d’honorer toute vie dans son infinie diversité et sa création continuelle.

Nous observons et nous comprenons, Mesdames et Messieurs,  que les deux approches sont antinomiques.

2ème séquence

Or nous vivons le moment où la première approche, celle de la Modernité rationnelle et de la toute-puissance des chiffres, s’épuise tout en demeurant encore omniprésente et se voit contrainte de laisser la place à la nouvelle, celle de la civilisation de la Vie, qui soulève l’enthousiasme de plus en plus de nos contemporains

Revenons alors à cette idée de transgression éthique. Cette mise en mouvement se manifeste aujourd’hui par des actions fondées dans l’éthos de la civilisation de la Vie, et qui sont jugées à partir de la civilisation « mainstream », dominante, de la toute-puissance de la rationalité et des lois qui en sont issues. C’est-à-dire que ces actions sont légitimes du point de vue des valeurs nouvelles qui animent leurs auteurs, mais illégales aux yeux des lois et règlements existants.


Notre vie personnelle, professionnelles, entrepreneuriale, sociale, sociétale, se peuple de toujours plus de manifestations de telles transgressions éthiques.

Les artistes, par instinct, par intuition, par une sensibilité toute frémissante aux métamorphoses du monde, par une liberté vraiment libre, sont aux avant-postes de ces bouleversements. Telle est leur mission éternelle et prophétique de nous éclairer voire de nous guider en ces chemins escarpés, aventureux, dangereux et transgressifs.


Ainsi en est-il de l’art de la danse.

Ainsi en est-il de la Composition Vivante, une danse de transgression qui, à l’image d’Alice, passe de l’autre côté du miroir, écrit Jean-François Mattéi en préface aux Lettres à Isadora.

Voici ce qui se trouve dans les Lettres à Isadora : La danse, y écrit Michel Hallet Eghayan, joue depuis toujours un rôle vibrant pour révéler aux hommes l’éclat de leur pensée, la force de leur conscience, le souffle partagé des moments bouleversants de leur si bref passage sur Terre. Car la danse est une façon de penser. Plus encore, de penser les métamorphoses dit le grand Socrate, en amenant à la conscience l’intelligence du corps en mouvement.

Mais pour cela il faut des danseurs vivants. Qui, par leur vivacité, se soient échappés de l’art chorégraphique classique.

Car les chorégraphes, fidèles disciples du Roi-Soleil, contraignent depuis quatre siècles la fragile liberté des danseurs à l’intérieur du regard auto-centré du monarque, que remplacera plus tard celui des spectateurs. Au XVIIème siècle, la danse quitte les expériences partagées, ouvertes enivrantes des danses populaires et des danses de cour, pour devenir un spectacle au service d’une splendide esthétique rationnelle, à la gloire des puissants.

Il fallait en sortir !

Pour Isadora Duncan, Martha Graham, Merce Cunningham et tant d’autres au XXème siècle, la danse est centrée sur la pratique du danseur. C’est dans leur filiation que s’inscrit la Composition vivante.

Je vais vous lire à présent quelques passages des « Lettres à Isadora » qui disent cela

Alors, l’art de la danse devient le baromètre le plus fidèle des changements philosophiques et sociaux.

Alors, l’homme émerveillé est danseur. Il n’a plus peur du déséquilibre, il le recherche. Il sait que la marche n’est pas suite d’équilibres successifs, mais déséquilibre constant, pour s’ouvrir à une finalité encore plus vaste, un objectif sans bornes, un chemin illimité.

Alors, la danse distille l’espace qu’elle génère, le temps qu’elle précipite. Et cela chimiquement comme la solution qui se métamorphose brutalement en une nouvelle réalité.

Oui, la danse est une force de vie. Elle révèle le cœur de nos élans, de nos écarts, la source de la force qui nous tend.

Alors, le danseur, qui sans relâche transforme ses chaînes en élans, ses immobilités en vie, compose, et lui seul, la palette d’un art qui ne soit pas déterministe, mais qui permette la quête, initiant ainsi la difficile et délicate transgression vers une toute nouvelle puissance de vie. Et en son cœur bouleversé, il n’aspire pas au face-à-face avec la peur, mais à un véritable face-à-faire avec la peur, et il traverse le miroir.

Alors la danse est unique, elle naît de la tension qui, avec ces danseurs-là, à ce moment-là, dans ces conditions-là, lient nos vies rassemblées.

Alors, le spectateur ressent profondément le délice de marcher au vent, le plaisir de découvrir à chaque pas de nouveaux paysages, de nouvelles saveurs, le plaisir inégalable d’être en terre vierge à chaque instant. Danseurs et spectateurs sont sortis du regard royal, tous mettent maintenant en lumière leurs regards croisés en une République des regards. Dès lors ils aspirent à un autre récit que celui de la danse de spectacle depuis quatre siècles, et ils entreprennent ensemble une autre écriture qui est leur parole partagée, qui n’est autre que poésie.

Ainsi apparaît la Composition Vivante.

3ème séquence

Regardons à présent, mesdames et messieurs, des événements tout récents qui manifestent l’ébranlement de la société par de multiples transgressions éthiques

Telle fut par exemple la décision de Daniel Cueff, maire de Langouët en Bretagne, d’interdire l’épandage des pesticides à moins de 150 mètres des habitations de sa commune, suivi par des dizaines d’autres maires. Il s’agit là véritablement d’une transgression éthique. Daniel Cueff privilégie la protection de la santé, c’est-à-dire de la vie des habitants de la commune au détriment de la logique de l’agrobusiness. Il se met ainsi hors la loi, loi centrée sur le développement de l’économie néo-libérale de marché dont la valeur principale est la croissance de l’argent et non croissance de la vie.

Telle est actuellement la lutte des collectifs contre les méga-bassines, par lesquelles l’agriculture intensive encouragée par l’Etat veut capturer la ressource en eau qui se raréfie, au seul profit des cultures industrielles. Ces collectifs endommagent voire détruisent ces plans d’eau artificiels qui participent de l’effondrement de la biodiversité.

Telle est l’action de ceux qui, durant la canicule et la sécheresse de l’été, ont bouché au ciment les prises d’eau des golfs qui refusaient de restreindre l’utilisation de l’eau.

Telle est aussi l’action, non médiatisée, des éco-guerriers qui font sauter les pylônes supportant les antennes de la 5G qui se dressent en de nombreux lieux en France, et dont les opérateurs refusent les débats contradictoires publics.

Les expériences des ZAD manifestent aussi clairement des revendications de transgression éthique. La « zone-de-non-droit » sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qui a vécu sans contrainte légale pendant plusieurs années, a permis de multiples expérimentations tant agricoles, artisanales que sociales. Elle a été affirmée et revendiquée comme telle afin de déployer des initiatives impossibles avec les règlements et les normes habituelles.

Il est à remarquer qu’à chaque fois les autorités ont réaffirmé leur légitimité contre ces initiatives transgressives en s’appuyant eux sur la lettre des lois. Ministres et préfets montraient ainsi leur décalage profond avec les acteurs transgressifs qui, au fond, ne reconnaissent plus le bienfait de ces lois n’ont plus confiance dans les représentants des institutions qui doivent les faire appliquer. On sent les seuils de basculement de la société se rapprocher.

De façon moins frontale, une multitude d’initiatives sont lancées dans tous les champs socio-économiques visant à construire la civilisation de la Vie.

Je voudrais signaler particulièrement celles qui, depuis quelques années, se déploient dans le champ de l’alimentation :

Il y a l’agriculture biologique, qui diminue drastiquement les intrants chimiques ;

Il y a la permaculture qui, en mixant les végétaux avec intelligence, augmente à la fois la biodiversité et la production des légumes et des fruits ;

Il y a les circuits courts, comme les AMAP, qui réduisent la production des déchets et permettent une juste rétribution de tous les acteurs de la chaîne de production ;

Il y a les magasins 0 déchet où l’on vient chercher les aliments avec ses propres contenants ;

Il y a l’affirmation de consommer moins de viande jusqu’à la posture végane ;

Il y a, du côté de cette cuisine végétarienne, de nombreuses inventions gustatives comme aussi avec la rencontre dans nos villes de la multitude des cuisines du monde.

Beaucoup de ces initiatives émergent dans les vides de la réglementation, certaines parfois  franchissent la ligne rouge.

Oui, mesdames et messieurs, les humains que nous sommes sont des corps vivants sensibles et sensuels, qui recherchons une nourriture juste, bonne et saine, car nous ne sommes pas des big data. Nous ne sommes pas réductibles à des sacs de 0 et de 1 !

Pour pouvoir donner le meilleur de soi, pour permettre à la créativité de se déployer, la sienne et celle de sa communauté entrepreneuriale, il est de plus en plus nécessaire de se situer dans les marges, afin de sortir des entraves des normes, règlements et contrôles, et cela devient aujourd’hui la réalité de la vie entrepreneuriale dans quasiment tous les secteurs. Il devient de plus en plus nécessaire de franchir de petites lignes rouges si l’on veut pratiquement incarner le sens de son travail, si celui-ci vise à protéger, prendre soin de toute vie, à la faire croître. Nous appellerons alors une telle entreprise : une entredonne, car il s’agit désormais non plus de prendre mais de donner, de nous entredonner ce que nous faisons ensemble, non seulement tous les humains participant à l’entredonne, mais aussi tous les vivants-autres-qu’humains.

Le sens et la finalité des actions transgressives sont orientés « Vie », alors que les règles publiques et légales sont orientées « Chiffre » et « Argent ». Cela ne colle plus et oblige à choisir. Les contradictions morales, les disjonctions cognitives, deviennent légions, perturbent massivement les psychismes et entrent désormais dans le débat public.

La notion de transgression éthique, qui porte en elle un horizon positif et lumineux, me paraît pouvoir donner de la lucidité et du courage pour celles et ceux, chaque jour plus nombreux, qui, refusant le matraquage médiatique, le cadenassage et l’aliénation de leur volonté ainsi que l’exploitation forcenée de notre maison commune la Terre,  ont décidé de contribuer à l’émergence d’une société neuve et vive par des actions et des initiatives claires et déterminées.

On ne voit pas, à part une extrême violence, ce qui pourrait les arrêter.

Voyez, mesdames et messieurs, on ne voit pas ce qui pourrait les arrêter

Olivier Frérot, le 31 mars 2023

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