L’habitat, champ rugueux d’émergence de solidarités entrepreneuriales

Dans l’habitat et la construction, la dureté et l’évolution permanente des normes restreignent les possibilités d’innovation collective. Toutefois, des projets d’habitat partagé se développent et des réalisations commencent à voir le jour. Outre la volonté de partager des espaces communs et des échanges fructueux entre les personnes, ces projets veulent répondre au souci de pouvoir vivre dans des espaces agréables et inspirants, avec des matériaux sains où nos corps vivants peuvent se mouvoir et demeurer harmonieusement.

L’élaboration de tels projets prend du temps. Il faut qu’une communauté se rassemble, s’accorde et s’éprouve dans la mise en route d’un projet de construction ou de réhabilitation. Cela prend en général plusieurs années. Les questions financières et juridiques sont délicates et demandent de l’expertise qui ne se trouve pas toujours parmi les participants. Les autorisations du droit des sols et l’ingénierie pour réaliser le bâtiment obligent quasiment à s’allier à des professionnels de la construction. Et ceux qui sont ouverts à un projet d’habitat partagé ne sont pas encore légion. Ce sont souvent des organismes du monde hlm qui s’intéressent aux nouvelles façons d’habiter avec une responsabilité accrue des habitants.

Les modes d’habiter qu’expérimentent ces initiatives mêlent à des degrés divers le respect de l’intimité des personnes ou des familles et la vie communautaire, avec des mises en partage plus ou moins intense de temps de vie et de lieux collectifs. Elles testent également des formes de propriété originales où la solidarité s’allie au rejet de la spéculation. Les personnes peuvent se choisir de culture proche pour augmenter les chances de bonne entente, ou au contraire chercher des différences importantes en misant sur la richesse de l’altérité. Si en France, les projets commencent à fleurir, d’autres pays, comme l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne ou les États-Unis, les expérimentent de mille façons depuis déjà longtemps. Les échanges d’expériences se généralisent et favorisent les créations et les développement, que ce soit en zone urbaine dense, en zone périurbaine ou rurale.

En voici quelques exemples : Habicoop fédération des coopératives d’habitants, Le Village Vertical coopérative d’habitants à Villeurbanne, Chamarel coopérative d’habitants pour personnes des 3ème et 4ème âge à Vaulx-en-Velin, Vivre ensemble la ville autrement habitat partagé de l’Arche entre personnes en situation de handicap ou non à Villeurbanne.

Olivier Frérot

Extrait du livre « Vers une civilisation de la Vie – Entreprendre et coopérer », éditions Chronique sociale, 2019

Une réflexion sur “L’habitat, champ rugueux d’émergence de solidarités entrepreneuriales

  1. Cette article est intéressant, dans le sens où il essaye de ramener la solidarité jusque dans notre quotidien, s’allier dans notre intimité en partageant plus pour consommer moins. Mais en plus de cela ce mode de vie apporte plus de contact humain, plus d’échange et cela forme une partie de sa beauté.

    C’est un point que je comprends et que j’approuve, un peu plus d’échange pour que le monde se comprenne mieux. Rien de mieux que vivre ensemble pour comprendre comment pense les autres.

    Peut être ce qu’il manque dans cet article est le point de vue pessimiste. Beaucoup de petit groupe comme ceux ci sont créés et détruit par manque de cohesion, parce que des fois trop de proximité peuvent detruire des liens faibles.

    Il faut donc prendre en compte que l’expérience ne sera pas que positive, mais apportera au final une meilleure compréhension des autres.

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