Pour une ouverture de la raison

Pour penser la vie et la mort, toute mutation critique ou toute nouveauté surgissante, il faut laisser tomber la raison moderne qui n’admet que ce qu’elle explique. C’est vers une raison ouverte aux contradictions, une raison poétique qu’il faut nous tourner, plongeant en notre source intérieure vivifiante et illimitée.

Sentir sa vie, se ressourcer et se réjouir de sa vitalité, dans l’immanence radicale de l’épreuve de soi, c’est le chemin d’une vérité qui unifie tout le réel. Car dans l’origine de la vie tous les étants sont en relation.

Les logiques contemporaines ont ouvert la brèche en accueillant le contradictoire et ainsi favoriser la sortie du principe aristotélicien de non contradiction, ouvrant l’identité vers le devenir et l’essence vers la relation. La physique quantique a confirmé dans son interprétation du réel que tout n’est que relation.

La relation passe d’abord au cœur de soi-même. Après la parole fondatrice de Rimbaud, « Je est un autre », les philosophies de l’ipséité et de l’altérité, nous ont mieux fait comprendre comment chacun est multiple en lui-même, en dialogue intérieur. C’est conscient de cette altérité intrinsèque que nous pouvons communier avec tous les étants du monde, par le logos de la vie, qui entrelace toutes les formes dans l’unité.

C’est la poésie, avant la rationalité, qui nous y conduit. Mais, à l’extrême de la parole, nous touchons à l’immensité du silence. Silence premier, indicible et créateur. Il frappe d’impuissance toute volonté de maîtrise, dominée par le fameux paradigme informationnel , le mythe le plus récent de la Modernité, qui veut submerger notre réalité vivante par la conversion de tout en 0 et en 1.

Olivier Frérot

Extrait du livre « Contribuer à l’émergence d’une société neuve et vive », publié chez Chronique sociale en janvier 2017

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