A la poursuite d’un Grand Récit à venir

À la fin du XXème siècle, nombreux sont les auteurs qui proclament la fin des Grands Récits. Affirmant cela, ils annoncent l’épuisement des civilisations qui les ont produits et dont ceux-ci constituaient le fondement. Nous comprenons que cela s’applique à la Modernité occidentale, et peut-être aussi à d’autres plaques civilisationnelle percutées par l’expansion de l’Occident individualiste et technoscientifique. Mais aucune société ne peut vivre sans Grand Récit unificateur. Si la prédiction de la fin des Grands Récits s’avérait juste, la guerre généralisée ne serait pas loin. Or, comme nous l’avons dit, nous avons effectivement la conscience de tels signes et évènements avant-coureurs. Mais, si, comme nous le pensons et l’argumentons, une nouvelle civilisation est en train d’émerger, celle-ci est en train de produire son propre Grand Récit, sur lequel elle va s’appuyer pour se développer. Apercevoir cette histoire en train de se faire, commencer à nous en conter des bribes, est assurément consolider la métamorphose en cours. C’est aussi capter les énergies et les enthousiasmes qui viennent de l’avenir. Or cet avenir, nous l’avons dit, fera de l’inattendu et de la fluidité des vertus cardinales. Son Grand Récit devra donc en être animé.

Pour partir à la rencontre de l’inattendu, plongeons nous dans ces paroles d’Edouard Glissant, poète-philosophe de la créolisation du monde : je crois que seules des pensées incertaines de leur puissance, des pensées du tremblement où jouent la peur, l’irrésolu, la crainte, le doute, l’ambiguïté saisissent mieux les bouleversements en cours. Des pensées métisses, des pensées ouvertes, des pensées créoles.

Olivier Frérot

Extrait de l’ouvrage « Contribuer à l’émergence d’une société neuve et vive », paru en janvier 2017 chez Chronique sociale

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